Le dernier film de Scott Cooper n’existe que par son acteur principal, Johnny Depp, bien incapable de donner de la consistance à son rôle qui aligne tous les
pires clichés que le film de gangster nous ait donnés dans l’histoire du cinéma, en témoigne cette longue et interminable succession de scènes où il nous est montré en père aimant mais viril et
qui apprend donc à son fils à se battre…
Il est difficile de savoir quelle part de responsabilité appartient au réalisateur et quelle part revient à l’acteur, le fait est que le résultat est d’un grotesque fascinant : Whitey marche
littéralement comme un pingouin, manière de compenser sa virilité perdue par son étrange look de travesti sur-maquillé (et non Black Mass –titre original- n’est pas
un film indépendant audacieux sur un gangster transgenre) et ses lentilles de contact dégueulasses. On reconnaît la prouesse de transformation, Depp n’a en effet jamais été aussi
laid, mais on se demande si cela n’aurait pas demandé moins d’effort que de prendre directement un acteur moche, qui aurait correspondu au physique recherché, et sans talent, qui aurait permis de
correspondre aux ambitions de ce brouillon sans vie et sans imagination.
Le réalisateur ose même nous faire une « parodie » de la plus
célèbre scène des Affranchis de Martin Scorsese… (« C’est même à ça qu’on les reconnaît » comme dirait Audiard)…
La nullité de Johnny Depp dans ce film est durement concurrencée par celle de Joel Edgerton qui tente lui aussi le maximum pour atteindre les sommets du ringard
et massacrer sa carrière. On est très peiné pour lui d’imaginer l’inconfort total dans lequel il doit être en le voyant déambuler ainsi dans ses costumes et son polo beaucoup trop serrés,
probablement incapable de lever les bras.
Sur le fond, et c’est rendre un hommage non mérité à Scott Cooper de considérer qu’il y en a, sa « Masse noire » apparaît également plus que douteuse. Difficile de ne
pas constater que le milieu du crime organisé est pour le moins masculin, toutefois Strictly Criminal est exagérément macho, bien plus que le genre du film ne le
nécessite habituellement. Les femmes, toutes confinées à des rôles de second plan, sont représentées les unes après les autres comme stupides, soumises, pleurnicheuses, peureuses et, bien sur,
prostituées. Il est même flagrant, et pour le moins hallucinant, de constater qu’elles sont filmées presque dans la totalité des scènes…dans la cuisine…
Alors que pour avoir un intérêt le portrait de James J.Bulger devrait décrire un personnage fascinant, hors ce n’est que celui d’une brute épaisse qui nous est délivré. Le film devient alors
ultra-complaisant envers des héros médiocres et sans ambiguïté afin de respecter sans passion un cahier des chargés éculé.
Anatole
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